Saint - Julien d’Espont à Saint – Martin - Cantalès

A côté des châteaux - forts ruinés et des chapelles castrales, les autres témoins privilégiés de l’histoire de la vallée de la Maronne sont certainement les « prieurés » qui jalonnent son cours, comme autant de rappels du rôle joué par ces petites communautés monastiques dans l’Ancienne France, au moins jusqu’aux troubles des guerres de religion qui signèrent la fin de nombre d’entre eux . Parmi ces prieurés dont l’histoire reste à écrire, le prieuré de Saint - Julien d’Espont occupe une place à part par son rattachement à la prestigieuse congrégation de La Chaise-Dieu et par la personnalité de ses prieurs dont la longue liste est connue depuis 1464. S’y ajoute le contraste entre une relative prospérité, si l’on en juge par certains témoignages et une fin sans gloire dont la seule trace matérielle se résume au tas de pierres informe marquant son emplacement au sommet du « pic » de Saint Julien.

 

chaire st pierre 01Saint Pierre
(église de Saint Christophe)
L ‘église de Saint-Christophe les Gorges possède un tableau ancien de belle facture ; il s’agit d’une représentation de Saint Pierre : la clef, le Livre et la mitre en sont les symboles habituels. Nous ne disposons d’aucune information sur ledit tableau, sa datation, ses commanditaires, les raisons de sa présence dans cet édifice nous sont inconnus. On a proposé une fourchette de datation très large allant du XVIe au début du XVIIIe siècle, sur les seuls critères stylistiques. Une analyse minutieuse du tableau et en particulier de la chaire (cathedra) semble nous offrir des indices. Dans la basilique Saint-Pierre de Rome on adorait, comme symbole de l’autorité pontificale, le « pseudo » siège de Saint Pierre conservé dans un reliquaire baroque chaire st pierre 02Mausolée de Paul IV (Santa Maria sopra Minerva)conçu par Le Bernin. On retrouve un ensemble de signes qui servent encore aujourd’hui pour commémorer la venue du prince des apôtres dans la Ville éternelle et l’établissement de son autorité universelle (Urbi et orbi). Cette fête de la chaire de Saint Pierre, antérieure au VIe siècle et longtemps négligée, fut rétablie pour toutes les églises par le pape Paul IV en 1558, dans le contexte de la Contre-Réforme. Il publia alors la constitution XIII qui en fixait la date au 18 janvier, disant qu’il la renouvelait pour réfuter les hérétiques affectant de nier que Saint Pierre fut venu à Rome. En réalité ce pape, élu à 79 ans – après une longue carrière ecclésiastique qui l’avait mené de l’archevêché de Brindisi à celui de Naples en passant par le cardinalat et le doyenné du Sacré-Collège - était depuis 1542 à la tête de l’Inquisition romaine. Il est aussi à l’origine de l’Index des livres interdits et du ghetto de Rome, dont il fit payer le mur d’enceinte par les juifs romains .

 

 

Poursuivons notre découverte du paysage de Pleaux à travers les édifices et éléments lui donnant un caractère urbain au XVIIe siècle.

Après les troubles des guerres de Religion, le XVIIe siècle semble être une période de reconstruction et de rénovation du bâti pleaudien. Les prix-faits attestent que les nouvelles constructions sont souvent réalisées sur un "ayral de maison" . Nous avons présenté quelques exemples remarquables avec les réalisations d'Antoine Leconnet en 1656, de Guérin Puibasset en 1659 et de Pierre Dapeyron en 1661 . Les baux de location de bâtiments, plus nombreux que les prix-faits complètent les informations sur l'aspect et l'état du bâti à cette époque. Nous verrons qu'il en ressort une impression de délabrement voire de ruines. Comme ailleurs en Haute-Auvergne, reconstructions et rénovations s'étalent dans le temps. Aurillac, par exemple, est un "immense chantier de 1590 à 1640 environ" , à Calvinet en 1647, de nombreuses maisons sont des masures abandonnées depuis longtemps, à Cassaniouze en 1690, le presbytère détruit par les protestants n'est toujours pas reconstruit . Ne soyons donc pas surpris par des travaux apparemment tardifs pour relever les ruines dues aux guerres civiles et aux ravages des pestes responsables de l'abandon de biens fonds.

Les circonstances qui ont présidé à la construction, puis à l’agrandissement du château de La Vigne-Scorailles (commune d’Ally) ainsi qu’à sa décoration intérieure restent largement méconnues. L’absence d’archives, les nombreuses modifications ou aménagements apportés au fil des siècles ainsi que la disparition totale du mobilier rendent les recherches quasi impossibles. A une exception près cependant : celle d’une pièce à part parmi la trentaine que compte la demeure qui a retenu depuis longtemps l’attention des historiens et des amateurs d’art en raison de son décor, sans rapport avec celui des autres parties de l’édifice.